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Histoire de Mauriac
Un nouveau regard Avant propos
Pour retracer
l’histoire de Mauriac, Sous-préfecture du Cantal, la
matière ne manque pas mais
les écrits fiables sont peu nombreux. Les chroniques anciennes
constituent une
base de données irremplaçable, mais ces chroniques sont
pleines de
développements hypothétiques, de détails peu
vraisemblables et de dates fantaisistes
visiblement inventées
par leur auteur. Elles mélangent trop souvent la légende
et la réalité et se reprennent
l’une l’autre.
Heureusement il
y a Emile Delalo et le Dr Louis de Ribier, ces merveilleux historiens
locaux,
auteurs de recherches approfondies sur documents qu’ils ont
menées aussi bien à
Aurillac et Clermont qu’aux Archives Nationales, avec passion et
rigueur, y
consacrant toute leur vie. Plus de 100
ans, et même 150 ans pour le premier, après leurs
écrits sur l’histoire de
Mauriac, il n’y a rien à y changer. Juste quelques
adaptations à la lumière de
travaux historiques ou archéologiques récents ont
été opérées ainsi que des
compléments pour des sujets non traités par les auteurs
et bien sûr les ajouts
d’une histoire récente. Pour la
fin du
19ème et le 20ème Siècle, il n’y avait encore aucun récit.
Le présent essai est
le premier texte
retraçant l’histoire complète de Mauriac
jusqu’à aujourd’hui, puisque Delalo
termine son remarquable
ouvrage en 1856 et ne traite ni la
Révolution ni la Restauration et l’Empire. En fait, il
s’arrête, volontairement
sans doute, à l’ancien régime puis décrit
Mauriac en 1856 lorsqu’il clos et
signe son récit. Le texte ci-joint a été
rédigé avec toute la rigueur possible,
en reprenant comme trame l’essentiel de Delalo et de de Ribier et
en le
complétant, pour parvenir à un récit modeste sans prétention
scientifique
d’une vingtaine de pages destiné à être
utilisé facilement pour découvrir
l’histoire de la ville de Mauriac. Dépourvu
d’érudition, Il comporte par contre des
novations, des scoops dans le
langage actuel, concernant notamment les invasions barbares, le passage
des
Huns, la présence de Maures à Mauriac, la fête des
Pagis, la chapelle St Benoît,
le résultat de fouilles récentes conduites par
l’Etat, le couvent des
dominicaines ainsi qu’une première esquisse d’une
histoire des deux derniers
siècles, qui reste à écrire d’une
manière plus complète surtout pour le 20è
siècle traité sommairement faute de documents en ma
possession. Au total, 2000
ans d’histoire.
Le texte sur
l’histoire de la ville de Mauriac est suivi en annexe de la liste des
Maires de Mauriac
depuis la
Révolution ainsi que des
commentaires
sur l’histoire . Par ailleurs vous disposez sur le site de
textes
concernant les
monuments et d’un essai de l’auteur intitulé
souvenirs d’un Sous-préfet de
Mauriac, hommage d’un fonctionnaire à la ville qui
l’a accueilli d’une
manière si bienveillante en attendant de lui demander
d’être son Maire et de
l’élire pour trois mandats à cette fonction.
Sommaire
Le récit: 2000
ans d'histoire Un
amphithéâtre
La cité pleine de vie, portée par
son statut
de capitale du Nord Cantal, s’est pourtant
développée mais dans ses faubourgs,
peuplant par étages successifs un amphithéâtre
naturel formé par sept collines.
L’amphithéâtre est bien visible de la Roussilhe ou
du camping du Val St Jean. Il
contribue avec le bleu de ses toits ardoisés à
accroître encore le charme de la
ville ancienne, charme toujours renouvelé.
On ne se lasse
jamais de Mauriac, la place centrale,
les rues anciennes, la Basilique, la mairie, le lycée et la
Sous-préfecture, le monastère. Y
revenir après un départ est toujours source
d’émotion.
Mauriac est bien
plus que Mauriac. Son histoire est mouvementée, alternant les
joies et les
souffrances silencieuses. Toujours, la cité s’est
ressaisie dans les périodes
difficiles, avec ce mélange de sagesse, d’audace et
d’inquiétude qui la
caractérise, à la fois triste et joyeuse, au-delà
du temps, loin des foules
bruyantes et irresponsables des grandes villes. Mais peu de
développement
économique et culturel dans l’histoire de Mauriac. Les origines de Mauriac
Au néolithique,
vers – 4000 avant J.C. en France naissent les premiers hameaux, la première agriculture
organisée, culture
et pratique de l’élevage qui
fixe
l’activité de la zone cantalienne. De cette période
datent les pierres levées (menhirs
en Bretagne), observées autour de Mauriac, à Albos et
à la Roussilhe par
exemple. Vers – 1000 très approximativement, âge du
bronze, est créé prés de
Mauriac un camp retranché dit éperon barré, pour protéger les populations en
cas de troubles,
au confluent de l’Auze
et du Rieu Mauri (ruisseau Saint Jean) dans un site abrupt,
inaccessible sur
trois côtés, dit du château-vieux ou de
Monsélis, à Escoaillers. Le camp est
fermé par un fossé qui suit
les restes
d’un rempart de pierres et d’un mur de basalte
vitrifié dont Delalo parle longuement.
Vers -300, -200,
à l’âge du fer, les
villages actuels
entourant le bourg sont fondés.
Certains
sont très anciens comme Albos par exemple qui a conservé
les traces visibles de
tout un ensemble de tumulus.
L’abondance de
l’eau, des sources et des torrents,
est
telle à Mauriac qu’elle y fixe très tôt un bourg, en bordure d’une ancienne voie
romaine empierrée située au Vigean, sur un axe
de circulation majeur, prioritaire alors
en hiver, entre Clermont et Toulouse. Les Celtes, formant un peuple
à la fois
artiste, religieux et guerrier, sont aussi des agriculteurs et des
artisans
exceptionnels reconnus comme tels. Toute la moyenne montagne est alors
peuplée
d’exploitations. Partout des villae, de grandes
propriétés agricoles avec
beaucoup d’employés, à l’origine des
villages, futures paroisses puis des
communes.
Lors de la conquête
romaine la Gaule perd 10%
de sa population dans les combats et autant, ce qu’on ne lit
jamais, est réduite en esclavage.
C’est l’histoire
récente qui nous l’a appris. Elle adopte, non sans une
continuelle résistance,
ce qu’on ne dit pas assez, la civilisation évoluée
du vainqueur. Rome impose sa
langue qui du latin évoluera dans deux directions : la
langue d’oc au sud,
parler courant du Cantal jusqu’à une époque
récente, et la langue d’oïl au
nord, future langue nationale officielle.
Néanmoins, il subsiste
encore aujourd’hui beaucoup
d’emprunts au gaulois et la
manière de
vivre et de penser des Français reste jusqu’à nos
jours gauloise. A remarquer
que la France contrairement à la grande Bretagne et aux pays
nordiques n’a pas
adopté la langue des conquérants germains. Elle a
conservé le latin, mais le gaulois
était encore parlé dans les
campagnes au 12ème ou 13ème S.
L’Occitan
enseigné dans le Cantal est une langue latine et pas une langue
celte comme
certains le croient.
Mauriac est au 1er
Siècle un Vicus,
un gros bourg commerçant et artisanal, dont Delalo retrouvera de
nombreux
vestiges au 19e S. sur un
périmètre large, mais il ne retrouvera pas le temple à Mercure des chroniques, dont
l’existence est pourtant probable. Le relief, difficile, en forte
pente
puisqu’il y a plus de 350 mètres de dénivelé
entre le haut et le bas de la
commune, est apparu alors non pas comme une gêne mais comme un
gage de sécurité.
Les Celtes bâtissaient pour cette raison sur
les hauteurs.
Après 252 et surtout en
276 après J.C.,
terribles invasions barbares vers la Gaule prospère. Les Francs
et les Alamans
franchissent le Rhin de manière massive. Ils tuent, pillent et
brûlent toutes
les villes. Tout est détruit.
Mauriac a
du l’être à cette occasion. Les villes disparaissent
ou survivent en réduisant
leur territoire et en s’entourant de remparts.
Rome ne contrôle
plus rien. L’anarchie et la révolte s’installent en
Gaule au 3ème Siècle.
Le Cantal devient comme la Corrèze « pays
à bagaude », terme
désignant des
bandes armées de paysans pauvres révoltés
détentrices du pouvoir réel, levant
des troupes et des impôts en Gaule, dans les contrées
écartées. Ces bagaudes
vont imprégner la mentalité française.
L'historien
Audigier affirme par ailleurs que Mauriac recevait fréquemment
la visite de
Gratien, Empereur Romain amateur de chasse en forêt, qui
aurait même
signé de Mauriac un Rescrit au Préfet des Gaules,
en 377 après JC.
Etonnante au premier abord, cette précision trouve toutefois du
crédit si
on apprend dans les ouvrages d'histoire que Gratien avait eu pour
précepteur
Ausonne de Bordeaux et qu'il s'était proclamé Empereur
des Gaules, Grande
Bretagne et Espagne incluses, laissant à un autre le reste du
monde romain, en préférant
le contact des barbares. Son père, Valentinien 1er,
régnait lui-même sur
l'Empire en siégeant à Lutèce.
A partir de 420, nouvelles
invasions barbares presque pacifiques, peu violentes cette fois, de
peuples
entiers que Rome laisse passer en vertu d’accords
contractés pour défendre
l’empire, d’autant qu’ils sont poussés par les
Huns devant lesquels ils
s’enfuient épouvantés par leur réputation
sanguinaire.
Les chefs
barbares des peuples dits fédérés sont souvent
généraux des armées romaines
comme le père de Clovis et admirent l’empire. Ils viennent
pour s’installer
comme colons dans une Gaule romaine très prospère. Les
Wisigoths, de religion
chrétienne aryenne (hérésie), s’installent
en Aquitaine pour plus de 50 ans
avec l’autorisation de Rome. Mais Clovis les oblige à
abandonner leur royaume
de Toulouse et rejoindre l’Espagne après la bataille de
Vouillé en 507.
Pour confirmer cette
victoire Thierry fils aîné de Clovis occupe aussitôt
l’Auvergne. Mais celle-ci
se révolte peu après contre les Francs et Thierry doit
revenir en Auvergne,
comme Roi cette fois, en 524 pour la reconquérir car la province
regrette les
Wisigoths plus romanisés. Il mène de durs combats et
prend Chastel-Marlhac prés
de Mauriac.
Les Francs
s’imposent mais la population reste de civilisation gauloise et
relève physiquement,
essentiellement de l’ancien peuplement Ibère. Des hommes
bruns, travailleurs et
tenaces de la race des montagnes, très différents des
grands blonds fougueux du
nord qu’étaient les celtes dits gaulois en France.
Cette population mauriacoise
n’aura pas à
redouter les Huns, contrairement à ce qu’on lit parfois
dans le Cantal, car si
la bataille des champs catalauniques s’est bien
déroulée à Campus Mauriacius,
elle a concerné un lieu situé dans la plaine de Morey
à Dierrey St Julien, entre Troyes
et Chalons en Champagne, sur le
territoire de la tribu gauloise des Catalauni, d’où le nom
de la bataille.
Il est tout à
fait exclu qu’ Attila venant de Paris, qu’il a
évité, et fuyant Orléans pour
regagner le Rhin à l’annonce qu’une puissante
armée s’avance vers lui, ait fui
devant l’armée romaine comportant des barbares, en faisant un détour par Mauriac. Aucun
historien n’évoque cette possibilité. Attila
était un prédateur prudent faisant
régner la terreur pour obtenir des rançons. Jamais il ne
s’éloignait trop de
l’axe Rhin Danube et revenait sans cesse à sa base
danubienne, la future
Hongrie (Hungaria). Le monastère
Saint Pierre de Mauriac
Les Francs sont des
païens convertis par
l’Evêque de Reims à la religion chrétienne
romaine, alors que les autres
peuples barbares sont déjà chrétiens mais tous
ariens. Ce point va faire leur
fortune.
Ainsi soutenus
par le Pape et le clergé, ils fondent en territoire wisigoth, à Mauriac sur le site
d’un bourg
gallo-romain, à l’endroit d’un temple à
Mercure, un monastère royal rattaché à la
puissante abbaye St Pierre le Vif de Sens, ville royale. Ils y
implantent le
christianisme romain.
La première
construction en bois effectuée sur les terres d’un certain
Basolus, riche propriétaire
local gallo-romain ou wisigoth, daterait du 6e
Siècle.
La légende très
belle évoque un voyage d’une princesse Théodechilde
dans la région, témoin de
miracles à l’origine de la chapelle à la Vierge et
du monastère. Les Francs
donnent au Vicus gallo-romain un statut de capitale, confirmant
l’ancien pays
gaulois, le pagus, à l’origine de l’arrondissement.
Très habiles politiques,
ils laissent en place les structures sociales et les notables
gallo-romains.
Ce Vicus, embryon
de ville, bat monnaie d’or, un triens ou tiers de sol, dont il
reste trois
exemplaires datés du milieu du 7e S. conservés
à la B.N. avec l’inscription Mauriaco
Vic et au verso AR (Arvernia).
Mauriac prospère
avait donc son nom actuel et son importance dès 650. Point
très important. En
outre cette monnaie d’or rend probable l’existence
d’un monastère très actif, bien avant le 9ème
Siècle, au moins au 7ème Siècle,
contrairement à ce qu’on lit
souvent.
Le Vicus n’est pas
touché par les invasions
sarrasines de 720-730, puisqu’on sait qu’après
Toulouse, les Sarrasins visant
la richissime abbaye de St Martin de Tours, se sont dirigés vers
Bordeaux puis
Poitiers. Mauriac ne leur doit donc pas son nom, qui reprend, ce qui ne
peut
être un hasard, le nom du ruisseau, le rieu Mauri.
Noter aussi que
le nom de Mauriac, parfois écrit Moriac, comporte
la racine celte mori provenant de mor
en indo-européen qui signifie l’eau. Pas insignifiant dans
un site où l’eau
coulait ou stagnait en abondance.
A l’époque
celte, nombreuses sont les villes ou
les bourgs qui portent le nom de la rivière qui les a fait
naître. L’exemple le
plus célèbre est Avaricum la grande ville gauloise,
Bourges actuellement, la
cité des Bituriges, établie au bord de l’ Avara,
rivière dont elle a pris le
nom. Il est donc fort probable que Mauriac a été
nommée très tôt la ville du
rieu Mauri, le domaine de l’eau. Autre exemple en Autriche :
Salzbourg la
patrie de Mozart tient son nom de sa naissance au bord de la
rivière Salzach et
de salz, le sel. Il y a des centaines de cas en France, comme
Corrèze sur la
Corrèze, Bièvres sur la Bièvre, Touques sur la
Touque, Dives sur la Dive
Faire descendre
Mauriac de la « villa » (domaine gallo-romain),
d’un hypothétique propriétaire
nommé Maurus est une pure invention linguistique,
opérée en appliquant la
pratique effective du Haut Moyen Age. Il y a des exceptions comme
Souillac,
venant de souille, une mare d’une eau très sale où
se réunissaient les
sangliers. Aucune trace de Maurus et pour cause, Delalo a montré
que Mauriac
était déjà un bourg et ne pouvait donc pas
c’est évident être une
villa, une grande exploitation agricole
gallo-romaine d‘un particulier, au 1er Siècle.
Du mot villa
découlera village. Mauriac était plus que le
rassemblement de bâtiments d’un
domaine agricole.
Le 18 Mai 824 une
décision de Louis le
Débonnaire confirme à Hérémias
archevêque de Sens les privilèges de plusieurs
monastères dont celui qu’Hérémias a
fait bâtir « au delà de la
Loire », c’est-à-dire à Mauriac
précisent les archives de l’abbaye de Sens.
Le monastère en bois est donc reconstruit ou restauré au 9ème
Siècle
selon Delalo et Louis de Ribier les deux historiens de Mauriac. Il le
sera à
nouveau en bien plus grand au 12e S. C’est ce dernier
que nous
voyons aujourd’hui.
Il comporte un
cloître, autour d’un jardin intérieur avec un puit,
des salles d’accueil des
visiteurs, un réfectoire au sud, une salle dite capitulaire pour
les réunions
du Chapitre, le conseil de direction, un parloir, un chauffoir pour
l’étude,
des cuisines, un cellier pour entreposer
les denrées, une infirmerie, des chambres en étage.
Un hôpital sera
ajouté en 1470 avec un médecin et un chirurgien,
d’autres praticiens exerçant à
leur domicile. Au sud des bâtiments, s’étendaient le jardin potager, des terres de culture et un
étang empoissonné en contrebas dont on a retrouvé
la digue lors de la
réalisation du plan d’eau du Val St Jean, en 1990.
A partir de la
reconstruction gothique de 1469 conduite par le doyen Pierre de Balsac,
qui
concerne notamment le cloître et qui est inévitable
après les destructions
anglaises de 1357, l’ordre ajoutera au monastère un grand
bâtiment abritant le
doyenné avec ses prisons, au-delà d’une cour, dans
l’îlot du tribunal actuel.
On appelait le doyenné la maison abbatiale, dite aussi
décanale. Les prisons
occupaient la moitié du doyenné. Elles étaient
situées sous la demeure du Doyen
et par convention servaient de prison royale contre un loyer. Tout
monastère
avait alors sa prison.
Le Doyen
possédait le pouvoir de Justice. Il était nommé
par bulle du Pape et non par
l’Abbé de Sens et était assisté d’un
prieur, un sous prieur, un cellérier, un
trésorier, un chapelain de St Benoît, un chambrier, un
infirmier.
Le monastère est
toujours visible sur trois de
ses côtés, le plus beau étant rue du collège
avec l’entrée officielle. Il a été
fermé puis vendu aux enchères comme bien national
à la Révolution et morcelé en
appartements.
Il tombe ensuite
dans un oubli total, à tel point qu’un permis de
construire est délivré le 29
septembre 1982 par la Direction de l’Equipement, sans aucune
opposition des
services culturels de l’Etat, pour construire au dessus de la
salle capitulaire
et du local de fouilles une boulangerie, un garage et quatre niveaux de
logements en étages.
La municipalité
a racheté le 13 Juillet 1984 plusieurs locaux dont la belle salle capitulaire romane avec ses colonnes
antiques de marbre réemployées et ses deux
élégantes baies géminées marquant
l’entrée. Avec l’aide des bénévoles du
Comité d’ Histoire de Mauriac que j’ai
créé
le 14 Mai 1983, la municipalité a ensuite dégagé
grâce à Mme Missonnier cette magnifique
salle du Chapitre, cloisonnée en boxes de rangement, puis
l’a restaurée grâce à
l’Etat en 1997, ne cessant pas de procéder à des
acquisitions pour reconstituer
à terme tout l’édifice. La redécouverte du
monument a été une grande source de
joie pour la population.
A sa haute époque le
monastère, centre
important sur le plan intellectuel, a
abrité
jusqu’à 30 moines. Très riche, il
reçoit
des redevances d’une zone qui englobe la Xaintrie et va
jusqu'à Orcet prés de
Clermont. Le Doyen a rang d’évêque, porte la crosse
et la croix pectorale et
exerce les droits seigneuriaux, rendant la justice. Il ne relève
que de l’Abbé
de Sens et comme seigneur du Roi.
Aussi est il
souvent en conflit violent parfois avec l’ Evêque de
Clermont, la noblesse locale
et l’Abbaye bénédictine de Sens à qui il
doit certes allégeance mais qui est
loin. La chronique de l’Abbaye de Sens compte à cet
égard comment l’Abbé du
faire appel au Roi et au Légat du Pape pour rétablir son
autorité sur le
prieuré auvergnat qui avait obtenu le soutien de l’Evêque
de Clermont, des seigneurs locaux et
de la population.
Pour l’exploitation de
ses terres, le prieuré
emploie une nombreuse main d’œuvre et selon des sources
historiques récentes,
il recrute comme les autres monastères des Maures en Espagne,
spécialement
après la reconquête chrétienne. Ces Maures forment un groupe important à Mauriac.
Ainsi
est enfin expliquée la
présence d’une
tête de Maure, comme en Corse, sur les armoiries primitives de la
Ville avant
qu’elles ne représentent tardivement un Maure en pied.
Au 16è S. avec la
Renaissance qui redécouvre l’humanisme
grec et les auteurs grecs et latins, s’amorce une
grave crise religieuse dans toute l’Europe qui
entraîne en particulier un net déclin du monastère
de Mauriac, avec l’abandon de la
règle bénédictine comme des
locaux. En 1560, le Tiers Etat de la Prévôté de
Mauriac, manifeste son
inquiétude devant ce laisser aller dommageable à la
cité.
Une remise en
ordre intervient avec l’intervention de la rigoureuse
réforme bénédictine de
Saint Maur en 1628 et l’affectation de nouveaux religieux. La
renaissance du
monastère est combattue en vain par la noblesse locale qui avait
réussi à capter
ses revenus.
Le monastère
renaît au 17eme S., il est reconstruit et agrandi avec un nouveau
bâtiment
surélevé d’un étage. Mais le siècle
suivant, siècle d’hostilité croissante à
l’égard
de l’église se concluant par la révolution, lui
sera fatal. Il aura
profondément marqué par sa forte présence
l’histoire de Mauriac pendant plus de
1000 ans. Quel dommage que cet édifice qui couvrait prés
d’un demi hectare dans
la ville soit demeuré morcelé et ignoré
après la Révolution.
Il faudra
attendre 1983-1984 pour assister à sa redécouverte et
à ce qu’il soit enfin
protégé et restauré en partie en attendant une
restitution à terme après
acquisition des éléments appartenant à des
particuliers. Le pèlerinage de
Saint Mary
Au 11e
S. s’amorce le développement de la ville à partir
des foires. La translation en
1050 au monastère de Mauriac des restes de St Mary,
évangélisateur de
l’Auvergne, est à l’origine d’un très
célèbre pèlerinage, qui attire sur le Puy
du même nom des foules considérables chaque année
le 8 Juin, date d’une grande
foire médiévale qui existe toujours. Pour Delalo, une
fête celte d’ouverture de
l’été et d’explosion de la
végétation, de l’herbe en particulier, a
précédé la
fête religieuse. Une chapelle est bâtie et chaque
année les reliques du Saint y
sont transférées pendant les trois mois
d’été.
Dernier dimanche
d’août, célébration, toujours
autour de la chapelle du Puy St Mary, sur la butte volcanique, de la
fête des
Pagis, qui rassemble tous les paysans dont c’est la fête.
Des courses aux
rubans et des courses à cheval sont organisées. Comme les
Saturnales romaines,
la fête a son roi. La chapelle sera reconstruite au 15ème
S. puis vendue
à un particulier à la
Révolution,
transformée en cabaret d’été et
rebâtie par le père Serres, grande figure
mauriacoise, bâtisseur de monastères, fin du 19ème.
Mauriac, ville de
pèlerinages renommés, est
promue au 10ème ou 11ème S.
siège d’un archiprêtré
regroupant les 52 paroisses du pays, dont le titulaire dispose de la
cure de la
paroisse de saint Thyrse d’Anglards de Salers, selon la
règle habituelle des
archiprêtrés (Delalo), d’autant plus que Mauriac
n’a pas de curé jusqu’au 16e
S. en raison de la présence dominante du monastère. Le
Cellérier du Monastère fait
alors fonction de curé et il ne peut être
archiprêtre. Après le 16è, Mauriac à
la demande de la population et de l’Evêque de Clermont, a
son propre curé. Il
prend alors la fonction d’archiprêtre du pays de Mauriac. L’église
du monastère
Le 12e S. voit l’apogée
de Mauriac, avec la reconstruction romane du monastère
bénédictin,
véritable centre religieux mais aussi culturel et
économique, dédié à Saint
Pierre, l’édification d’une chapelle autonome, la
chapelle St Benoît et de deux
grandes églises romanes d’une dimension exceptionnelle
pour la Haute Auvergne.
Seule l’église abbatiale St Géraud d’Aurillac
était plus grande, mais elle a
disparu. Guy de Bourgogne, Pape sous le nom de Calixte II, visite en
1119 ce
grand chantier d’une dimension exceptionnelle : un
monastère et trois
églises.
L’église du
monastère Saint Pierre, au sud de
la place actuelle, est la plus longue et la plus élevée
avec sa flèche de 54
mètres, la plus haute d’Auvergne en son temps. En
comparaison, la flèche de
Notre Dame des Miracles n’atteint que 35 mètres.
Mérimée,
l’écrivain, qui a inspecté le monument à
titre d’ Inspecteur Général des
Monuments Historiques, précise qu’il ressemble à la
cathédrale de Tulle,
ancienne église abbatiale elle-même, dont il a la
même tour porche, appelée le
clocher carré, située en haut de la rue du Collège
au fond de la place. Une
crypte existait sous le chœur très allongé. Il ne
reste rien hélas du monument,
même pas une gravure, puisqu’il a été
endommagé puis rasé pour dégager la place
et construire avec ses pierres la future Mairie.
Sa petite sœur,
la chapelle Saint Benoît, distincte de l’église du
monastère et non accolée,
contrairement à ce qui a pu être écrit, subsiste
par ses vestiges. Elle a peut
être été la première église du
monastère et reconstruite au 12ème S.
à titre de chapelle particulière du chapitre. Son
chœur a été intégré dans le
bâtiment privé voisin abritant un café. La Basilique N-D des
Miracles
Contrairement à
l’église des Bénédictins,
l’église paroissiale Notre Dame des Miracles,
située à quelques dizaines de
mètres, a traversé le temps, malgré les tentatives
de destruction. Elle a été
bâtie à l’emplacement d’une chapelle
vouée à Notre Dame, que Louis le Gros
qualifie en 1110 de « chapelle des
Rois Francs », ce qui confirme son statut particulier et
donne du
crédit à l’origine franque de la création de
la chapelle et du monastère.
Sa construction commence
alors et le chevet est entrepris en premier puis la nef et enfin
à la fin du 12ème
S. voire au 13ème,
le portail. Le changement de style
est visible
après la première travée de la nef et à
l’extérieur. Classée monument
historique en 1842, l’église est majestueuse, d’une
taille
exceptionnelle dans le
Cantal pour une église romane et originale avec son grand
portail languedocien
unique en Haute Auvergne qui représente l’ascension du
Christ dans une mandorle
et les 12 apôtres autour de la vierge, ainsi que le zodiaque
complet à l'origine. Les
apôtres et la Vierge ont subi une décapitation
probablement à la
Révolution. On reconnait autour de la vierge, Saint Pierre avec
sa clé et Saint Jean, son évangile à la
main. Le christ
dans sa "mandorle", entouré d’anges est d’une grande
dimension et
d’une facture byzantine très
pure. Le sanglier, emblème des Gaulois, est
représenté. Le portail était polychrome au
moyen-âge.
L’édifice de
style romano byzantin, se signale
par la dimension et la couleur des pierres de taille employées
pour sa
construction. L’intérieur silencieux et peu
éclairé à dessein, uniquement par
des fenêtres très étroites et hautes, incite au
recueillement et fait une forte
impression. Il
se caractérise par
une
grande et haute nef centrale culminant à plus de 14
mètres et un transept avec des chapiteaux
sculptés. Deux chapelles encadrent le choeur, du Crucifix au sud
et de Saint Jean, le baptiste, au nord, près de la place Saint
Jean ( Place Gambetta actuellement ).
Dans le chœur,
un grand autel en marbre surmonté
d’un
magnifique retable baroque à
colonnes antiques et dorures du 18ème, des autels
latéraux avec
retables à colonnes torsadée et sculptures dorées
très travaillées et des
tableaux anciens de prix ainsi qu’une chaire baroque et une cuve
baptismale
romane du 12ème
de 3m70 de circonférence,
très rare par ses sculptures
et unique en Haute Auvergne. Au centre, au dessus de l'autel, la vierge
noire habillée, celle qui est portée lors du
pélerinage. Venant du Puy dit un ancien chroniqueur, elle a
été vandalisée à la Révolution.
Deux tours ont
été ajoutées en mauvaises pierres au 17ème
S. L’entrée est
solennelle, précédée de deux lions sculptés
dont l’un est authentique. Un vaste
et profond emmarchement d’époque à sept
degrés, mène à des portes ouvragées
Renaissance portant la date de 1582.
Le chevet comporte
à l’extérieur, le long d'une corniche en saillie, des modillons grivois sculptés
avec une grande liberté,
d’inspiration préchrétienne, montrant des
scènes originales et des animaux
fantastiques représentant le
péché et
l’enfer. Péché et enfer à
l'extérieur, salut à l'intérieur de
l'église. Le clocher octogonal détruit par la
révolution a été reconstruit en
1845. La sacristie est un ajout du 19ème
Siècle.
La vie paroissiale
était relevée par la
présence dans l’église dès le
12ème S. d’une communauté de
prêtres filleuls, chantant aux offices,
constitués en collège et exerçant des fonctions
d’enseignement. Jusqu’à 30
prêtres filleuls assistaient aux manifestations paroissiales et
bien entendu à
la grande fête de la Vierge le 9 Mai avec procession, ainsi
qu’à la fête de la St
Mary, à la chapelle, le 9 Juin. La
prévôté et les Consuls
La prospérité
des 12e et 13e S. renforce le monastère. Elle est suivie des malheurs de la grande peste et
de la terrible et dévastatrice guerre de cent ans avec
l’Angleterre et ses
alliés, sur le sol de la France actuelle. Partout les terres
sont abandonnées,
les paysans étant morts ou en fuite et règne la
misère. En 1357 les bandes
anglaises pillent Mauriac et détruisent les édifices.
L’institution
d’une prévôté, circonscription de police,
justice, en 1319, sur un territoire
calqué de l’archiprêtré, confère
à nouveau à la cité un rôle de capitale du
haut
pays, l’actuel arrondissement. Les assemblées de
prévôté se tiennent à Mauriac
instituée chef de prévôté.
En 1554, des
Consuls élus, au nombre de trois dont
un
1er Consul et un Syndic, administrent la ville, ainsi
libérée de
l’autorité du Doyen, seigneur médiéval qui
avait rang d’évêque. Cette
décision d’Henri II est
bénéfique car
le monastère est en déconfiture et en ruines. Il ne joue
plus son rôle. Les
Consuls vont contribuer à le relever et c’est eux qui
mettront en œuvre
l’exécution du legs de Guillaume Duprat permettant de
construire un Collège. Des
échevins succèdent aux Consuls. Les
guerres de religion, autre catastrophe, déchirent le pays de
Mauriac au 16e
S. Elles sont violentes et destructrices à Mauriac même.
En 1574, les
protestants incendient les maisons, pillent et tuent, abattent les
clochers,
défoncent les toitures et saccagent l’intérieur des
églises et du monastère
avec une hargne propre à ce temps de guerre civile. La noblesse
locale,
seigneur de Miremont en tête, est souvent protestante et
l’enjeu national est autant
la prise du pouvoir civil et la contestation de l’autorité
royale, que la
religion. Les guerres de religion sont aussi des guerres politiques.
A la fin du moyen
âge, la cité est confinée dans son enceinte avec
ses quatre portes de St Mary,
St Georges, St Thomas et St Jean. Elle ne dépasse pas les rues Marmontel, Nôtre Dame, Chappe
d’Auteroche, de
la Prison (Delalo), Neuve (rue du Méridien actuelle), du
Collège et du Couvent
(G. Duprat). Le monastère occupe un grand espace, le
cimetière est sur la place
de l’église et se poursuit au-delà de
l’hôtel de ville actuel. Des cours d’eau
et un torrent descendent des hauteurs en direction du rieu Mauri,
ancien nom du
ruisseau St Jean jusqu’à 1885. L’eau est partout
hors de l’enceinte sur ce
rebord de planèze. Les villages anciens comme Trébiac, St
Thomas, Albos sont
très peuplés. La fondation du
Collège des jésuites
Après le choc de
la Réforme en Europe, la papauté contre attaque avec
éclat et vigueur. C’est la
Contre Réforme. Guillaume Duprat Evêque de Clermont, fils
d’un chancelier de
France, acquis à la cause des Jésuites après une
mission à Rome, contribue par un
testament de 1560 à fonder un
Collège à
Mauriac situé dans son diocèse. Son testament fonde
également le Collège de
Billom et donne des moyens aux jésuites pour construire le
Collège de Clermont à Paris, futur lycée Louis le
Grand afin de remplacer un petit Collège créé en
1540 à Paris. Le projet de Collège ( au sens large de
l'époque ) à Mauriac est mis en œuvre
par un contrat signé par les Consuls en 1563.
Cet
établissement, servi en 1750 par douze jésuites, va
connaître un grand rayonnement
et recevoir jusqu’à 350 élèves venus parfois
de loin pour suivre un
enseignement renommé, jusqu’en classe de rhétorique
puis de philosophie. Bâti
par les Consuls grâce au legs de Mgr Duprat et à de
très nombreuses donations,
sur des terrains fournis à la Commune par le monastère,
des particuliers et sur
partie des fossés de la Ville, il va former une élite en
sélectionnant les
élèves les plus doués dans les milieux modestes.
La gratuité est le principe
des jésuites de même que le logement des
élèves chez l’habitant sans internat.
L’écrivain
Jean-François Marmontel, Secrétaire Perpétuel de
l’Académie Française,
Directeur du Mercure de France, philosophe des lumières, et
l’astronome membre
de l’Académie des Sciences Jean Chappe d’Auteroche y
ont fait leurs études.
Tous deux sont très célèbres en leur temps.
Marmontel le Bortois, fils d’un
tailleur, est originaire d’Auzers dans le Haut Cantal.
Ses mémoires
sont passionnantes et rééditées
régulièrement. Chappe d’Auteroche né
à Mauriac,
est l’auteur d’un ouvrage connu qui dénonce le
servage en Russie et provoquera
la colère de Catherine II sous forme d’une réplique
cinglante. Il est l’oncle
des frères Chappe, les inventeurs du télégraphe,
eux aussi originaires de
Mauriac mais nés dans le Maine. Entouré d’une forte
volonté locale, le Collège a
été doté de propriétés procurant un
revenu dont le domaine de St Jean,
actuellement bien de la Commune.
Le succès est tel, que
les Consuls décident de
construire sur la base de la construction du 17ème un nouvel édifice plus important et digne
de
Mauriac. Les travaux commencent en 1764 mais sont aussitôt
interrompus car les
Jésuites sont expulsés de France et leurs Collèges
fermés. L’établissement de
Mauriac subit ce sort. Non sans difficulté en raison d’une
opposition absolue
d’Aurillac, les Consuls obtiennent néanmoins de Louis XV
la confirmation du
Collège.
Le chantier est
repris et mené à bien, l’établissement
prenant le statut de Collège royal. Le
nouveau bâtiment est vaste, avec de belles arcades, une chapelle
du plus pur
style baroque dont il reste le chœur et surtout un superbe
portail de facture
classique en forme d’arc de triomphe romain. La Révolution
va le fermer et y
caserner la gendarmerie, la bibliothèque est dispersée.
Fort heureusement, il renaîtra
rapidement, dirigé par des
ecclésiastiques puis par des laïcs, avec une centaine
d’élèves.
Son existence
sera continuellement remise en cause notamment après la
fondation en 1821 du
petit séminaire de Pleaux qui dispose de moyens plus importants
et accueille
davantage d’élèves en raison de son statut et de
son internat. La concurrence
s’accroît encore lorsque l’école des
Frères ouvre un enseignement primaire
supérieur. Les effectifs du lycée s’effondrent.
Sans l’acharnement de la
municipalité à le défendre, il n’existerait
plus depuis longtemps. . Le Couvent des
Dominicaines
Parallèlement à
la création du Collège des jésuites pour les
garçons, est implanté en 1656 par
transfert, un couvent des Dominicaines voué localement à
Notre Dame, dont
l’objet est l’éducation des jeunes filles. Des
menettes, laïques rattachées au
couvent sans être des religieuses, assurent un service aux
pauvres et aux malades
en se rendant à leur domicile Le couvent est construit en bas du
monastère,
juste à côté du futur hôtel d’Orcet, en
1678.
Il n’a pas l’importance
ni la qualité du prieuré bénédictin mais
contrairement à celui-ci,
l’institution est toujours en place sous le nom
d’école Notre Dame. Il offre
une jolie vue sur la campagne mauriacoise. Le bâtiment a
été partiellement
reconstruit après l’incendie de 1902, qui a atteint
notamment la chapelle. En
1847, la communauté des religieuses de Notre Dame remplace les
Dominicaines.
Peu de temps
avant, en 1835, pour faire concurrence aux petites classes du
lycée public
qui a succédé au collège des Jésuites, les
Frères des Ecoles Chrétiennes
avaient ouvert un établissement d’enseignement primaire
pour garçons qui
entrera dans l’histoire de Mauriac sous le nom
d’école des frères. Un cours
ménager est créé en 1926 et un cours
d’enseignement secondaire en 1944, embryon
du futur collège de la rue du Balat. En 1966,
l’établissement perd son
caractère confessionnel et admet la mixité. Subsistent
actuellement en 2006
l’école et le collège dits de Nôtre Dame. L’apogée
du 18e Siècle
Le 18ème
Siècle est pour Mauriac une nouvelle apogée.
S’ouvre une période
prospère et dynamique qui voit la
cité en plein essor confirmée
comme chef lieu d’une Election,
circonscription ancienne chargée notamment de fixer
l’impôt. Elle obtient la
nomination en 1707 d’un Subdélégué de
l’Intendant d’Auvergne, ancêtre du
Sous-préfet. Ce subdélégué est un
représentant personnel de l’Intendant de
Police, Justice et Finances siégeant à Riom le Beau, en
réalité à Clermont. Il
a des compétences étendues. Cinq
subdélégués vont se succéder
jusqu’à la
suppression de l’institution en 1790.
De grands
chantiers sont entrepris qui supposent des moyens financiers
considérables. La
liste est impressionnante pour une petite ville de 2500 habitants
puisqu’elle
comporte la Restauration du Monastère, la reconstruction
d’un nouveau Collège des
jésuites refait en plus grand en 1765 avec portail classique et
chapelle baroque et la construction de
l’hôtel d’Orcet ainsi
que l’embellissement de la basilique. L’hôtel
d’Orcet
Au milieu du 18ème S.
Gabriel-Barthélémy
de Vigier
d’Orcet, Receveur des Tailles des Elections de Mauriac et St
Flour, fils et petit
fils de Subdélégués à Mauriac de
l’Intendant d’Auvergne, entreprend en bas de
la rue du Collège, la construction
dans
une architecture harmonieuse d’une luxueuse résidence
à partir d’une vieille
tour du 16ème restaurée au 17ème Siècle.
Son hôtel particulier,
appelé de nos jours l’Hôtel
d’Orcet, présente dans un grand salon de réception deux magnifiques tapisseries d’Aubusson de
style galant, sur des cartons d’Oudry, aux couleurs
éclatantes, représentant le
jeu de la main chaude et celui du cheval fondu. La salle à
manger est garnie d’anciennes
boiseries en chêne sculpté. Dans la grande salle
d’entrée, transformée en 1829
en bureaux, figurait une fontaine et une cheminée
en marbre rouge rare des carrières de
la Forestie. Derrière l’hôtel un petit jardin
donnant sur des prés et, devant,
une cour fermée par des murs et un haut portail récemment
remplacé par une
grille en fer forgé.
M. d’Orcet reçoit
fréquemment la bonne
société. A ses côtés, une femme remarquable
qu’il a épousé en 1760, Jeanne Marie
Delsol de Volpilhac, intelligente, belle, cultivée, acquise aux
idées
nouvelles, qui tient un salon littéraire et philosophique
regroupant les
esprits distingués du pays. Grâce à cette égérie
Mauriac a son foyer
intellectuel et participe avec l’ardeur de l’époque
au mouvement des lumières
qui anticipe la Révolution et la rend inévitable car elle
était en fait déjà
accomplie dans les esprits écrira Tocqueville.
En 1785, la
belle Mme d’Orcet est veuve. Riche et seule propriétaire
de l’hôtel, elle donne
libre cours à son charmant naturel et à sa fantaisie, en
faisant avec une
conviction sincère le bien autour d’elle. Tout à
son amour de la nature, très
répandu à l’époque, elle cultive plusieurs
centaines de plantes en serre et vit
entourée d’oiseaux en cages, au milieu d’animaux en
liberté, dont une biche.
Ses amitiés
nombreuses dans tous les milieux lui permettent de traverser sans
encombre la
période révolutionnaire. Sous le Directoire, elle fait la
connaissance d’un
jeune officier du service de remonte qui vient
régulièrement dans le Cantal
pour y acheter des chevaux à des fins militaires, Pierre
Grasset. Le Cantal a
toujours été renommé pour l’élevage
des chevaux. Le cheval préféré de Napoléon
n’était-il pas natif du Vigean ! L’embellissement
de l’église Notre Dame
.
Dans l’église
Nôtre Dame est installée une ornementation baroque de
prestige comprenant
l’autel et le retable central si spectaculaire avec ses marbres
et ses dorures,
les retables latéraux aux colonnes torsadées pour les
autels de St Mary et du
Rosaire, une chaire gracieuse très ouvragée,
surmontée d’un ange à la trompette
et des stalles, un lutrin. Au dessus de l’autel trône la
vierge noire restaurée
après la Révolution, au visage sévère et
impénétrable. De belles maisons sont
construites en alignement. Mauriac est donc une ville très
religieuse qui
comporte alors neuf clochers : deux églises et les
chapelles St Benoît, St
Thomas, St Luc, du Puy Mary, du Collège, du Couvent, ainsi que
la chapelle des
Pénitents Blancs de la rue du
même nom,
rue Marmontel aujourd’hui. L’Intendant
Montyon
Sur le plan de
l’urbanisme, l’intendant d’Auvergne Jean-Baptiste
Monthyon ou plutôt Montyon,
homme des lumières épris de
progrès,
économiste physiocrate comme Turgot, comble les fossés et
trace un grand
boulevard qui portera son nom, avec deux fontaines monumentales,
l’une aujourd’hui
disparue en haut du boulevard, place St Georges et l’autre en
bas. Il fait
réaliser la route du Limousin qui traverse l’enclos du
Collège et inaugure en Auvergne
une politique de philanthropie d’aide aux pauvres, aux malades et
aux chômeurs, qu’il poursuivra
à Paris
où une rue
porte son nom. Le Bd sera prolongé pour rejoindre la route de
Pleaux en 1805.
La Ville lui manifestera sa reconnaissance en apposant, sur la fontaine
surmontée d’un obélisque, une plaque gravée
comportant son éloge en vers
composés par Marmontel. La Révolution
La Révolution est
mouvementée à Mauriac. Les clochers des deux grandes
églises sont abattus, le
monastère est fermé et vendus aux enchères par
lots, ainsi que les chapelles
Saint Mary, St Luc et Saint Thomas. L’église paroissiale
est transformée en
temple de la Raison, lieu de fêtes civiques. Les prêtres réfractaires sont arrêtés
quand ils n’ont pas
gagné l’Espagne. L’un d’eux,
l’abbé François Filliol
en fuite mais revenu et se cachant
dans sa famille est même guillotiné derrière
l’église le 14 Mai 1793 pour avoir
refusé de prêter serment à la Révolution, malgré la réticence du Chef du
District local,
l’Agent National du District Dominique Mirande. Celui-ci, fils
d’un chirurgien,
ancien bénédictin, révolutionnaire convaincu et
zélé, chargé pourtant de mettre
en œuvre les instructions de Paris, tente de s’opposer sans
succès à la
décision du Comité Révolutionnaire
d’Aurillac qui applique les derniers ordres
de la Convention concernant les prêtres réfractaires. Une
croix a été apposée contre
la sacristie à l’arrière de l’église,
en souvenir du prêtre, et une statue lui
a été élevée au Puy Bouval prés de
son lieu de naissance à Barriac les
Bosquets.
Par ailleurs, les
nobles sont systématiquement poursuivis, spoliés et
emprisonnés et Mirande
veille à une application rigoureuse des décisions
d’autant qu’il est membre du
Comité Révolutionnaire d’Aurillac très
jacobin. Mauriac comme Paris connaît un
moment d’égarement fréquent dans les
révolutions. Tout un climat de l’époque.
Dans cette période
obscure de la Révolution,
Mauriac a son député montagnard à la Convention,
Jean-Baptiste Lacoste, avocat
né à Mauriac, vrai tempérament
révolutionnaire ayant voté la mort de Louis XVI,
qui sera Préfet sous l’Empire et finira ses jours à
Mauriac déconsidéré. A ses
côtés, Dominique Mirande et son frère Nicolas,
avocat député à la Convention,
membre du Conseil des Cinq Cents.
Autres figures
de la Révolution mais à l’opposé chefs du
clan modéré dit des trente et un,
Paulin Duclaux, Jean-Guillaume Delalo, Vacher de Tournemine. Tous trois
seront Maires
de Mauriac. Le dernier, parlementaire pendant prés de 30 ans,
dominera son
époque et traversera
tous les régimes grâce à des
qualités exceptionnelles. Il y a deux camps très
marqués à Mauriac pendant la
période révolutionnaire indique Deribier.
Déjà existent une droite et une
gauche, dans la bourgeoisie même. Tous ces notables de la
Révolution formeront
le personnel de l’Empire, qui au plan local, pour le personnel
politique,
apparaît comme la continuation de la Révolution. Une laïque du tiers ordre de St
Dominique,
une Menette, Catherine Jarrige ( 1754-1836 ) , surnommée Catinon
Menette ou la Menette des pauvres, lièe au couvent de
Dominicaines de Mauriac, se signale par le dévouement total
à sa
religion, aux malades et
aux pauvres gens dont elle fait preuve, quêtant sans cesse pour
les pauvres,
conformément à son statut de Menette, lors de la
Révolution et jusqu’ à la fin
de son existence. Sa vie exemplaire a généré
à Mauriac un culte de son souvenir
qui n’a jamais cessé et a justifié sa
béatification par le pape Jean-Paul II, le
24 Novembre 1996, dans la basilique de St Pierre de Rome. Sa tombe, la
première
d’une des entrées anciennes du cimetière, est
toujours fleurie depuis plus de
150 ans. Récemment, m’y rendant, j’ai trouvé
se recueillant devant la tombe
trois sœurs des pauvres du couvent des Vaysses.
Mais la population hostile aux
changements
trop brutaux et attachée à la religion, comme le
déclare amèrement D. Mirande
désabusé, ne suit pas ses élites pourtant toutes
acquises aux lumières. La
conscription générale dite levée en masse suscite
une forte opposition ainsi
que les réquisitions et la taxation des prix. Thermidor est
accueilli avec
soulagement. Mirande destitué est emprisonné.
Rallié à l’Empire, il sera
Conseiller Général de 1806 à 1815.
La création en
l’an VIII par le Consulat d’une
Sous-préfecture, dont le 1er titulaire est Henri
Delalo magistrat,
fils du Maire de Mauriac et père de l’historien de
Mauriac, ainsi que d’un
Conseil d’arrondissement, confirme le rôle central de
Mauriac. Le Sous-préfet
succède à l’Agent national de District de 1792 et
au Subdélégué de l’Intendant
de l’ancien régime. Peu après en 1808 est
édifié le Tribunal Civil, construit
en rasant le Doyenné et ses prisons
dont la tour. On voit encore la base de
cette tour dans les nouvelles prisons devenues musée en 1986. Ce
tribunal nous
émeut par sa taille modeste mais il comportait sept magistrats
à sa création
sous l’Empire.
Mauriac dépend à
présent non plus de Riom le Bel et de Clermont mais
d’Aurillac où siègent le Préfet
et le Conseil Général, le département du Cantal
ayant été créé dès 1790. La vie
sociale est dominée par les guerres de l’Empire qui
saignent le pays. La
commune laisse se dégrader l’église Saint
Pierre des bénédictins, qui tombe en
ruines.
En 1811, Pierre-Joseph
Grasset, homme fin et
cultivé, originaire du Dauphiné, fils d’un
maître de forges et Lieutenant du
service de remonte, est nommé Maire de la Commune sur la
recommandation de Mme
d’Orcet qu’il épouse
civilement en 1813.
Le 9 Juin 1814, 13 jours avant la fin des cent jours,
il est nommé Sous-Préfet à titre
provisoire.
Après Waterloo, courageux il accueille à
l’hôtel d’Orcet le Maréchal Ney en
fuite, de passage à Mauriac. Pour ce fait et bien qu’il
ait accepté d’accueillir
et bien traité à Mauriac des officiers russes faits
prisonniers lors de la
campagne des alliés en France, il est destitué puis
réintégré après des
démarches à Paris. L’opinion lasse des guerres
napoléoniennes, est plutôt
soulagée de la fin de l’Empire mais elle a pris goût
à ses institutions et aux nouveaux
droits républicains
maintenus par Napoléon continuateur de la Révolution, et
elle va le faire
savoir rapidement en rejetant le concept de restauration de la
royauté d’ancien
régime. Le 19e
Siècle Après
la Restauration des Bourbons qui n’a pas le caractère
d’une contre révolution, le
Maire Grasset maintenu en fonction malgré
son attachement à l’Empire, mène à bien son
projet de modernisation. Le
cimetière autour des deux églises est
transféré hors du centre-ville et la
commune rase en 1826 les ruines de l’église Saint Pierre.
Avec ses pierres, il
fait construire à
l’emplacement du
cimetière un grand hôtel de ville de style restauration
avec des arcades et des
fenêtres à l’encadrement très
élégant, tout en dégageant une
vaste place centrale qui met aussi en
valeur la Basilique.
La construction
est très réussie et la place très belle mais ne
faut-il pas regretter la
disparition de la grande église du monastère ? Le
projet ne portera pas
chance à Grasset puisqu’il sera démis pour une
affaire de marché de ses
fonctions de Maire, qu’il retrouvera en 1831 avec le nouveau
régime de
Louis-Philippe. Son successeur reprendra et achèvera en 1829 la
construction. En
1829, le Département achète judicieusement au maire
Grasset sa propriété de
l’hôtel d’Orcet, qu’il tenait de sa
défunte épouse sans descendance, et
installe le Sous-préfet dans cette belle résidence.
En 1840, l’église
Notre Dame des Miracles est
classée monument historique et en 1846, lieu d’un grand pèlerinage à la Vierge, elle
acquiert le titre
romain très rare de Basilique, par
décision du Pape. Peu de temps après, une autre décision vaticane prescrit le
couronnement de la
Vierge, auquel il est
procédé avec faste le 13 Mai 1855 en même temps que
sont inaugurés dans le
chœur et le transept de nouveaux et
beaux vitraux bien colorés, adaptés à
l’édifice, à l’occasion de la fête de
Notre
Dame. Le Conseil de Fabrique acquiert ensuite l’orgue de ND du
Port de Clermont
et l’installe avec goût au
dessus de
l’entrée, en créant un escalier en bois de bonne
qualité. La
Ville qui s’étendait déjà au delà de
son enceinte et des quatre portes, se
développe en urbanisant les rues St
Mary, St Luc et la Grande Rue, la future rue de la République
qui prolonge le
récent Bd Monthyon ainsi que rue Chavialle vers le
cimetière nouveau. Elle multiplie
les commerces mais manque le virage
industriel à l’exception des industries liées
à l’élevage comme la ganterie.
Mauriac est alors un marché de vente de chevaux et de mulets,
spécialités
locales réputées.
La République
généralise l’école publique. Le
Collège prend le titre de lycée. L’exode rural
implacable, phénomène national, lui enlève sa
jeunesse la plus active qui se
dirige à présent non plus seulement vers l’Espagne
selon la tradition de
l’Ouest cantalien pour exercer des métiers comme
chaudronniers, porteurs d’eau,
scieurs, colporteurs, boulangers mais vers Paris. L’axe principal
de circulation
de Clermont à Aurillac, ville préfecture montante, puis
Toulouse, est déplacé par
Murat et Vic grâce au Tunnel du Lioran ouvert en 1847. Mauriac va
en pâtir
économiquement.
La guerre de 1870
entraîne la chute du Second Empire sans regret bien qu’il
ait été une grande
période de prospérité. La commune de Mauriac
élève en 1877 un monument aux
morts derrière le lycée, dans le square de la placette,
représentant une
colonne tronquée. Ce monument sera déplacé
derrière l’église sur la place St
Jean rebaptisée place Gambetta après le
décès en 1882 du grand tribun
républicain symbole de la résistance à
l’Allemagne. Ce monument sera rasé en
1965 et certains éléments abandonnés
réutilisés dans un caveau au cimetière.
Sur le plan politique,
trois Mauriacois accèdent à la députation dans le
siècle. Après Vacher de
Tournemine député jusqu’en 1824 (29 ans), Paulin
Durieu assumera le même mandat
à six reprises (18 ans), remplacé en 1885 par un autre
Mauriacois, Jean
Lascombes député de 1885 à 1898 (14 ans).
Un autre grand
mauriacois, né en 1827 à la ferme de Marsalou, le
père Jean-Baptiste Serres,
grand bâtisseur, qui édifie grâce à une
énergie peu commune, une nouvelle
chapelle au Puy Saint-Mary, le couvent des Vaysses et en 1882, au bord
de la
Dordogne qu’il a tant aimée, le monastère de la
Thébaïde à Arches, dans les
bois, dans un lieu solitaire propice à la réflexion, en
souvenir des ermites
chrétiens d’Egypte qui se retirèrent à
l’ouest de Thèbes dans les premiers
siècles.
Grand évènement,
en 1893 le chemin de fer
relie Mauriac à Clermont et Paris. La gare
est construite, après d’âpres discussions, en limite de Commune, à
l’écart du bourg, avec
peu de retombées économiques. Le 20e
Siècle
La première guerre
mondiale décime la population et appauvrit la cité. Le
monument aux morts
comporte la très longue liste des Mauriacois tués au
combat. L’exode vers Paris
s’accélère et naît le mythe des bistrots
auvergnats dans la capitale, véritable
institution. Des filières se créent en partant de Mauriac
faisant appel à
l’entr’aide cantalienne. Les réussites sont
nombreuses et le fruit d’un travail
acharné. L’attachement au pays natal demeure très
fort chez ces expatriés.
En 1926, la
Sous-préfecture échappe aux mesures
d’économies budgétaires portant notamment
suppression de sous-préfectures de la commission parlementaire
dite de la Hache,
contrairement à Murat rattaché à Saint-Flour. Mais
le Conseil d’arrondissement
disparaît comme partout en France.
Elle s’adjoint plus
tard à son entrée une sculpture appartenant au
réfectoire du monastère,
représentant Samson terrassant le Lion, don de la commune
à l’occasion de
travaux à l’école de l’enclos Robin
installée alors dans l’aile sud du prieuré
bénédictin Saint-Pierre.
Par ailleurs, le
Département remplace le mur et le grand portail en bois qui
cachent de la vue l’hôtel
d’Orcet, par une grille en fer forgé. Ce petit chef
d’œuvre d’hôtel d’Orcet est
depuis lors visible depuis le haut de la rue.
Le Maire F.
Talandier obtient la construction d’un Hôpital
complété par des services de maternité
et chirurgie, à Mauriac, le long de
l’avenue nouvelle qui porte son nom, entourée alors de
prés marécageux promis
à l’urbanisation. L’ancien Hospice des
sœurs de Nevers, face à la Poste, y est
transféré dès l’achèvement de la
construction en 1939.
A partir de 1935
commence la construction de cet énorme chantier qu’a
été pendant plus de 15 ans
la réalisation des barrages hydroélectriques sur la Haute
Dordogne, dont le
barrage de l’Aigle prés de Mauriac employant des centaines
d’ouvriers dont
beaucoup de réfugiés et de réfractaires au STO. Mauriac accueille alors après 1938 des
réfugiés de la guerre d’Espagne. Un camp pour
étrangers est créé à Chalvignac,
qui servira en 1962 à accueillir des harkis fidèles
à la France, obligés de
quitter l’Algérie et employés au forestage.
Pendant la deuxième
guerre, la Résistance gagne en
force, très soutenue, tout prés des maquis de la Dordogne
et de la Corrèze,
mais animée par ce foyer intense de la Résistance
qu’a constitué le service
constructeur des barrages, ingénieurs en tête,
dirigé par André Decelle,
polytechnicien, Commandant d’un réseau cantalien de
Résistance. Beaucoup de
résistants sont arrêtés et déportés.
Leur retour sera
fêté dans la liesse populaire, mais certains comme Charles
Périé, dont l’épouse
sera élue Maire de la Ville, ne reviendront pas. Alors que les
troupes
allemandes occupent encore le Cantal et s’apprêtent
à le quitter pour rejoindre
l’Allemagne, Mauriac fait un coup
d’éclat et se déclare zone libérée.
En 1942, un
Mauriacois de Crouzit, Jules Saliège, archevêque de
Toulouse, futur Cardinal,
s’illustre par sa courageuse prise de position contre l’occupant et l’Etat de Vichy en
dénonçant
les arrestations et la déportation des juifs et des
étrangers dans une lettre
publique à son clergé aux accents inoubliables :
« Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes ...
ce sont des hommes
et des femmes comme nous. Tout n'est pas permis contre eux. Ils font
partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d'autres!
». Cette lettre rendra
célèbre le cardinal
Mauriacois, déjà connu de ses proches et de
l’épiscopat pour sa fidélité au
mouvement social de l’église, le Sillon, son parler vrai
et son caractère très
affirmé. Une plaque à sa mémoire a
été apposée dans l’église au transept sud. Une fondation conserve son
souvenir. Né le 24 février 1870 à Crouzit
Haut, commune de Mauriac, Jules Saliège
commence ses études religieuses au petit séminaire
de Pleaux et les poursuit au grand séminaire d'Issy. En 1897, il
est supérieur du grand séminaire de Saint Flour puis
Evêque de Gap en 1925 et Archevêque de Toulouse en 1928.
Dès 1941, il rompt avec le gouvernement de Vichy et entre en
résistance. Aprés la libération, il sera reconnu
comme le 1er résistant de Toulouse et fait Compagnon de la
Libération, en même temps qu'il est élevé en
1946 à la dignité de Cardinal. En 1955, un an avant
sa mort, il vient à Mauriac pour présider les
cérémonies du centenaire du couronnement de Notre Dame
des Miracles. Il décède à Toulouse le 4 novembre
1956
En Avril 1945,
Mauriac adopte la ville d’Ingersheim prés de Colmar
détruite à 75% par les durs
combats de la Libération dits de la poche de Colmar. Des
échanges sont
institués qui seront officialisés en 1996 par le jumelage
formalisé des deux
cités, jumelage marqué par l’extraordinaire joie de
vivre des Alsaciens. Des
échanges et visites régulières sont
organisés.
A compter des
années 50 la mise en eau des barrages a pour effet de couper de
la Corrèze
toute proche le haut Cantal et de noyer des villages dont le souvenir
reste vif
dans la mémoire collective. Elle a aussi pour conséquence
dommageable de mettre
fin à la ligne SNCF directe avec Paris. Il avait
été promis de rétablir cette
ligne par un tunnel sous le lac de Bort. Commencés, les travaux
ne seront pas
poursuivis. Ce qui subsistera de ligne SNCF jusqu’à Bort
ne sera pas viable. Mauriac se ressaisit à partir des
années 60-70
et entreprend d’accroître les équipements publics,
montrant un visage plus
moderne. L’habitat est considérablement
développé en accession à la
propriété
dans de nouveaux lotissements par le Foyer Cantalien créé
par son Président
Augustin Chauvet, homme actif également Député et
Maire de Mauriac.
Depuis lors cet
effort de plus de 40 ans n’a pas cessé et a
contribué à transformer
complètement Mauriac sous trois
municipalités en lui permettant d’accueillir des
entreprises sur deux zones
industrielles et une population nouvelle.
Mauriac s’est donnée les moyens de recevoir des touristes
pour aider le
commerce local en réalisant un
village
de vacances, des campings, ainsi qu’en 1991 un plan d’eau,
30 gîtes, un camping
nouveau 4 étoiles au bord du lac, une
plage avec baignade, un centre aqua-récréatif et un golf
9 trous homologué,
géré par une association mais de propriété
communale.
L’éducation,
point fort de la Ville, a été développée
ainsi que la formation continue. En
1977, le rectorat ouvre un Lycée professionnel construit par la
municipalité.
Puis le lycée classique Marmontel, l’ancien Collège des
Jésuites, est
entièrement restauré par la Région en 1990 et un
BTS qualité de l’eau est créé
en 1996 par le Rectorat et la Région. Plus de 1000
élèves fréquentent les
établissements mauriacois.
Si la cité a
profondément changé, elle n’en a pas moins
veillé à maintenir ses traditions.
La grande procession de Notre Dame a
toujours lieu début Mai, chaque année, dans les rues de
Mauriac, réunissant
plus d’un millier de personnes. Derrière la vierge noire
dans ses atours de
fête, portée à bras d’hommes, suivent des
enfants habillés en chevaliers à
l’épée, puis le clergé mené par
l’Evêque du Cantal et la foule des pèlerins.
Un groupe de
plusieurs associations, dont la Miremontaise, conserve le folklore du
haut
Cantal par des représentations publiques avec emploi
d’instruments anciens de
musique et danses traditionnelles en habits auvergnats du 19ème
S.
Ces associations maintiennent
l’usage de
la langue occitane, le patois local qui en est issu et
préservent les objets de
la vie rurale dans un musée conservatoire situé dans une
grange achetée par la
commune route de Pleaux.
Ce respect de son
passé, la collectivité l’exprime en encourageant
l’étude de l’histoire locale
et en assurant la promotion de son riche patrimoine, quelle restaure et
entretient avec soin. A partir de 1986, elle ouvre à la visite
les vestiges du
monastère, le fait classer monument historique le 27 juillet
1987 et le
restaure après l’avoir dégagé, par des
travaux importants effectués, sous le
contrôle de l’Etat, en 1997. Elle favorise les fouilles et
études
archéologiques grâce au concours actif de la Direction
Régionale des Affaires
Culturelles de l’Etat, la DRAC, et l’aide financière
du Conseil Régional et du
Conseil Général.
Deux fouilles ont
beaucoup compté pour l’histoire locale. La première
en 1996 a dénié toute
présence d’un château voire même d’une
simple habitation sur le tertre rocheux
boisé dit suc de Bernet et appelé le petit bois, sur la
route du plan d’eau. On
peut douter de l’existence d’un château ancien
à Mauriac !
La deuxième de
2000-2001, avec appel à la
méthode du
carbone 14, a renversé toutes les idées reçues
récemment concernant
l’interprétation des vestiges du monastère.
Le rapport de la DRAC,
reprenant les
conclusions de l’équipe de fouille dirigée par des
universitaires, a en effet
établi qu’il n’y avait pas de trace d’une
église carolingienne liée au
monastère à
l’emplacement du local de
fouilles et que l’arc en pierres de tailles qu’on y voit
près de la place,
constituait en réalité la base de l’église
romane St Pierre démolie et rasée.
Celle-ci s’avère donc moins
longue que
prévu de 15 mètres. De plus elle est
séparée du monastère par une cour. Enfin
l’étude prouve que la chapelle St Benoît,
était autonome, non contiguë à
l’église. Toutes choses qu’Emile Delalo avait
bien vu.
Le prieuré possède donc
deux églises. Par contre, les
tessons
trouvés en 1985 sont bien du haut Empire Romain. Le temple
à Mercure des
chroniques n’est peut-être pas éloigné !
Sur le plan
évènementiel, Mauriac a reçu à plusieurs
reprises la visite de personnalités
importantes, le Président Pompidou ancien député
de St Four – Mauriac, Jacques
Chirac et V. Giscard d’Estaing. La visite la plus marquante est
la visite
officielle d’un Président de la République en
exercice, Georges Pompidou, le 12
août 1972 qui se traduira par la création d’un LEP
et la construction d’une
nouvelle route vers Bort.
Plus grande
manifestation départementale cantalienne, le concours
spécial de la race de
Salers s’ancre de plus en plus à Mauriac en raison de la
qualité du marché aux
bestiaux construit en 1981. La race de Salers, bien adaptée au
Cantal, a
essaimé dans le monde entier et le concours rassemble plus de
500 animaux à la
robe rouge venant essentiellement du Cantal, de la Corrèze et du
Puy de Dôme.
Organisé par
l’UPRA Salers et le Herd Book de la race, Il se déroule
sous le contrôle de la
Direction de l’Agriculture selon un rituel officiel bien
établi, devant le ban
des meilleurs éleveurs et tous les responsables politiques et
administratifs.
La proclamation des résultats et le défilé des
animaux primés devant la tribune
et le public, sont de grands moments de la vie agricole
départementale et de la
mémoire collective. Les meilleurs éleveurs gardent avec
fierté, accrochées sur
un mur de la ferme, les plaques remises à cette occasion pour
les bêtes
primées. Le concours spécial est la grande messe annuelle
du Cantal. Il est le
symbole des vertus paysannes et des qualités de travail, de
rigueur et de
professionnalisme des cantaliens.
Le 14 Juillet
1989, la commune célèbre le 200ème
anniversaire de la Révolution
Française en plantant un arbre de la liberté sur la place
Gambetta, un tilleul,
en présence de Madame l’Inspecteur
d’Académie. La ferveur a disparu de ces
commémorations républicaines
célébrées par les enseignants.
Mauriac célèbre
aussi en Janvier 2000, le nouveau millénaire en marquant par un
alignement
d’arbres le tracé du Méridien de Paris dans le
cadre de la fête de la
Méridienne verte. Créé en 1669, le Méridien
de Paris, qui avait son origine au
centre de l’Observatoire de Paris, servait comme méridien
d’origine à compter
les degrés de longitude et à mesurer la terre.
La ligne traverse Mauriac et
touche le Collège créé en
1956 qui depuis l’an 2000 porte le nom de Collège du
Méridien. Elle continue
vers le square Cassin, le centre de secours, la gendarmerie. Un
monument en
forme de pyramide élancée surmontée d’un
globe terrestre avec la marque du
méridien, pérennise la célébration de
l’an 2000 dans le square Cassin.
Le méridien de
Paris symbolisait, pour la Révolution, la création de
nouvelles unités de
mesures dont le mètre universel décidé en 1792 et
défini en 1799. Les nouvelles
mesures remplaçaient pour la Convention les mesures
irrationnelles et féodales de
l’ancien régime dont la caractéristique
était la diversité selon les Etats et même
en France les provinces. Mauriac avait déjà marqué
le passage du Méridien dans
la cité fin du 19ème S. en
baptisant rue du Méridien l’ancienne rue Neuve. En 1884,
une conférence
internationale a décidé de remplacer le Méridien
de Paris par le Méridien de
Greenwich.
Texte d’Alain Goldfeil
Ancien
Maire et ancien Sous-préfet de Mauriac ANNEXE Liste des Maires de Mauriac
Commentaires : Armoiries de Mauriac La ville de Mauriac a adopté la solution que lui a proposé la Chancellerie au 19ème S. d'un Maure en pied de couleur noire sur fond jaune. Pour certains ce Maure serait un Wisigoth compte tenu de son habillement et du grand souvenir laissé par les Wisigoths en Auvergne et spécialement de Basolus seigneur wisigoth de Mauriac ayant donné ses terres à Théodechilde fondatrice du monastère selon les chroniques, pour sauver sa vie. Le Dr Louis de Ribier a écrit pour sa part en 1905 que les véritables armoiries de Mauriac étaient d'aprés ses recherches une "tête de Maure de sable sur champ d'or" et que cette figuration avait été pratiquée sous l'ancien régime ainsi que la solution des "trois miroirs ronds d'argent au chef d'or", des armes de la maison de Miremont. Une tête noire de Maure de profil avec un bandeau clair au front, comme la Corse, voilà qui aurait une certaine allure. Tel est d'ailleurs le blason de la famille de Mauriac produit par le Dr Deribier. La Sardaigne a dans son blason quatre têtes noires de Maure avec un bandeau blanc au front comme la Corse. Pour les Sardes très attachés à leur histoire et à leurs traditions précieusement conservées, ces têtes célèbrent leur victoire sur les envahisseurs sarrazins. Concernant Mauriac, les Sarrasins n'ont jamais occupé le Cantal ni en 730 ni aprés, contrairement aux légendes locales. Mais par contre il est probable que le monastère ait fait venir des Maures d'Espagne comme serfs pour cultiver ses terres, selon l'usage général des Bénédictins, surtout aprés les expulsions successives de musulmans du pays. Le Maure mauriacois peut avoir cette origine ou provenant de la famille de Mauriac celle-ci a pu s'illustrer aux croisades. De nombreux blasons portent en effet des symboles de participation aux croisades: croissant, étoiles diverses. En Corse, la tête de Maure aurait été attribuée par le Roi d' Aragon à l' Ile pour récompenser les Corses d'avoir participé à la Reconquista, la reconquête de L' Espagne sur les Musulmans. La famille de Mauriac a pu être ainsi également récompensée? L'Art
baroque
Mauriac
est une
ville où le classicisme règne en
maître. Sa version
la plus sévère et la plus
sobre, marque même
ses
bâtiments
anciens. Et pourtant, l’art baroque venu de Rome au 17ème
siècle, a
été
adopté tant pour la
Basilique qu’au
Collège des
Jésuites, afin
d’apporter une
touche de
fantaisie et de l’éclat dans la
décoration
intérieure. Il n’en est pratiquement
jamais parlé en Auvergne, ce qui est dommage. Dans
la
Basilique, la sévère église
s’est vu
ornée
d’un très beau retable baroque,
probablement posé au début du 18ème
siècle, qu’on ne se lasse pas de
regarder tant il se signale par sa qualité
esthétique.
Avec ses colonnes, ses
marbres colorés et ses bronzes dorés, le retable avec son
autel est parfait et
résiste au temps, indémodé,
éternel, et
décor digne d’une grande ville. Baroques
aussi,
d’une manière plus accentuée, les
retables des
autels latéraux, très
travaillés, ainsi que les boiseries du chœur avec
leurs
anges souriants,
typiques du baroque, et surtout la magnifique chaire et ses sculptures précieuses, son marbre fin de belle
couleur,
le tout dans un style plein
d’audace ; l’audace même du
baroque. Encore plus osé, déjà rococo, le chœur de la chapelle du Collège, l’actuel lycée, démontre une profusion décorative, qui atteste de la volonté des jésuites de Mauriac d’imiter à l’échelle modeste de Mauriac, la splendeur romaine, telle qu’on peut l’admirer à Saint Pierre (le baldaquin du Bernin) ou à l’église du Gesù : les anges maniérés sont du pur baroque romain. Le château de Mauriac. La
légende de
Mauriac évoque un château. Les
archéologues le
cherchent. Des études ont montré
que le site d’Escoaillers dit du chateau-vieux,
n’était guère plus
qu’un éperon barré, un camp retranché de
l’âge
du
bronze réaménagé et occupé
ultérieurement. Une fouille officielle de la DRAC en
1997 a
prouvé par ailleurs que le petit bois sur la
route du plan d’eau, le suc de
Bernet (suc = petite éminence géologique),
ne
pouvait en aucun cas
constituer ni un château ni une motte castrale, car personne
n’y a jamais vécu.
C’est un simple tertre rocheux couvert d’un bois. La
vérité
est que Mauriac
n’a jamais
possédé
de château pour la raison évidente que les
châteaux
sont une création médiévale. Par
ailleurs, la
présence, sur
un terrain
appartenant à la puissante abbaye royale de Sens
dès le
6éme S. , du
monastère
bénédictin reconstruit au 9ème
S.,
avec son
statut de seigneurie locale puissante, le doyen de Mauriac ayant rang
d’Evêque, exclut tout
château. L’histoire
doit donc être revisitée avec l' usage de la raison. L'Aquitaine
L'Auvergne a été longtemps intégrée à la grande Aquitaine, qu'il s'agisse de la province romaine d'Aquitaine première, puis de la période wisigothe et carolingienne. Charlemagne a même créé un royaume d'Aquitaine pour son fils Louis. L'Auvergne a été occupée également par les Anglais, après le fameux remariage d'Eléonore d'Aquitaine en 1152 avec Henri Plantagenêt. Triste période car elle ouvre une ère de guerres incessantes entre Français et Anglais, avec massacres et pillages en Auvergne. Mauriac a été sévèrement touchée et même détruite, monastère compris. En 1527, le Duché d'Auvergne est rattaché définitivement à la couronne de France. Il a Gouverneur royal et Etats Provinciaux. Mais les habitants de Haute Auvergne et spécialement du secteur de Mauriac, continueront à être attirés par la région de Toulouse, Bordeaux et l'Espagne où ils iront pratiquer un commerce avantageux, faire de la banque ou simplement travailler comme artisan ou salarié. Le vrai Marmontel Genre sous-estimé du patrimoine littéraire, les mémoires sont reconnues par contre comme une source essentielle de l'histoire. Elles apportent à la mémoire collective des informations et un contexte irremplaçables. Parfois, les mémoires sont un chef-d'oeuvre en lui-même. Il en est ainsi des mémoires de Jean-François Marmontel, cet écrivain natif de Bort les Orgues mais dont le père était originaire du Haut Cantal, qui est passé à la postérité pour sa collaboration à l'encyclopédie, quoique il soit presque oublié. On lit toujours les souvenirs de Marmontel, tant son style est délicieux et surtout abondantes ses descriptions et réussis ses portraits. Une mine pour la connaissance du milieu littéraire du 18ème siècle. Comment un fils de tailleur pauvre de Bort, sans relation a t-il pu faire une telle carrière littéraire jusqu'à la gloire de son vivant et les honneurs les plus élevés de son temps: Directeur du prestigieux Mercure de France, Secrétaire Perpétuel de l'Académie Française, auteur célébré et joué dans toute l'Europe, ami des plus grands. Véritable personnage balzacien de roman, le Bortois explique tout dans son ouvrage en attribuant la clé de sa réussite à l'enseignement qu'il a reçu d'un curé de campagne, d'une école de village puis de la 4ème à la 1ère (rhétorique) au collège de jésuites de Mauriac, poursuivant, toujours chez les jésuites, à Clermont (philosophie) et à Toulouse. Puis il écrit à Voltaire qui l'appelle à Paris et lui conseille d'écrire des tragédies pour le théâtre, ce qu'il fera, et de voir du monde. Le théâtre et les actrices seront la passion de sa vie, avec l'Opéra. Dans ce dernier genre, c'est lui qui mène la querelle Gluck-Piccinni, faisant venir à Paris le Napolitain, illustre compositeur d'opéra, et lui écrivant des livrets. Il vit dans la fièvre des coulisses, protégé des femmes, qui dirigent alors les salons et font les carrières. Marmontel montre qu'un jeune homme de talent, ambitieux et décidé peut monter l'échelle sociale, au 18è siècle, par son travail et son entregent. La gloire des lettres est alors à son sommet et Voltaire est plus qu'un prince en son temps. Qui est en réalité le Marmontel officiel, encyclopédiste, académicien, Directeur du Mercure de France, qui a donné son nom à une rue et au lycée de Mauriac ? Réponse du non-dit : le vrai Marmontel étudiant perturbateur renvoyé du collège de Mauriac, est un ambitieux déterminé qui va réussir par les femmes. Il doit beaucoup à l’une des égéries littéraires de l’époque, chez qui il habite, écrit-t-il drôlement ! La protection de Mme de Pompadour lui donne l’accès aux plus hauts emplois pour un homme de lettres. Il a trois passions, le théâtre, l’opéra omme librettiste et les actrices. C’est lui qui l’avoue dans ses passionnantes mémoires. Son arme secrète, la séduction et un physique avantageux et performant disaient ses contemporains envieux. Il allait à dix dit l'un d'eux admiratif. Son moteur, un amour effréné de la vie. Il est plus qu’un duc en son temps car les encyclopédistes sont alors les vrais rois de l’Europe, formant une véritable république des lettres qui préfigure la Révolution (Tocqueville).Le Jeu de la main chaude Dans le beau salon de la sous-préfecture, l'hôtel d'Orcet, deux grandes tapisseries d’Aubusson, du 18ème siècle, sur des cartons d'Oudry, émerveillent le visiteur. L'une représente le jeu de la main chaude, jeu très pratiqué au 18ème, et montre un jeune homme à genoux, le visage enfoui dans le giron d'une femme assise et la main ouverte dans le dos. Ainsi rendu aveugle, il doit deviner qui vient de frapper sa main. Les personnages changent de place et alternent. Le jeu devait être délicieux et on peut imaginer qu'il était à gage, avec pénitence, selon les goûts de l'époque. La tapisserie est très colorée, tout comme celle décrivant le jeu du cheval fondu, dont on ne retrouve pas l'explication. Le Baptistère St Jean Le professeur Fournier de
l'Université de Clermont a écrit
que Mauriac possédait
probablement, comme d'autres villes très anciennes, un groupe
dit baptismal,
comportant une église Notre Dame, une autre à St Pierre
liée au monastère et
dans le même enclos un baptistère St Jean, situé
sur la place Gambetta. Cette
place, ancienne place du monument de la guerre de 1870, est surtout,
belle
coïncidence, l'ancienne place St Jean (le baptiste). La forme de
cette place et
la présence au nord d'une grande cour des Impôts,
accrédite cette hypothèse,
que seules des fouilles confirmeront. La Chapelle St Benoît La chapelle Saint Benoît, édifiée fin du 11ème S, est l’un des vestiges les moins bien conservés du monastère et pourtant sa présence est bien réelle, au fond du local d’accueil, sur la place. Ce sanctuaire autonome, bien séparé physiquement de l’ancienne église Saint Pierre du monastère, avec une fonction liée à la salle du chapitre, mesurait environ 16 m. sur 5 m. 10. On en voit encore la partie ouest dans le lot acquis par la commune en Juillet 1984. Le chœur est intégré dans l’immeuble voisin (café). Delalo a insisté en 1856 sur le fait que cette chapelle était distincte de l'église St Pierre. Jeune homme, il a vu les deux édifices intacts. L’hôtel de ville L'hôtel de ville de Mauriac, dont
la première pierre a été
posée en 1819, ne sera pas terminé avant 1829.
L'architecte a selon les
instructions de la municipalité, réemployé les
pierres de basalte noir de
l'église du monastère bénédictin Saint
Pierre de Mauriac. Patronymes anciens Dans
son
ouvrage sur Mauriac, le Dr Louis de Ribier a relevé les noms des
familles qui ont joué
un rôle important dans la cité au cours des
siècles. Voici quelques patronymes cités par lui dans les
annexes de son ouvrage remarquable publiant la chronique de Montfort :
Amalvy, de
Vigier, Rixain, Bouyges, Pommerie ou Pomeyrie, Pomeyrol, Mathieu,
la Barre, Besse, Danjolie, Gibbert, Montfort, Boboul, Douce, Simon, de
Chavialle, Lavergne, Chappe, Delfraisse ou de Fraisse, de La Porte,
Ronnat, Dufayet, Roussilhe, Senaud, de Vézolles, Thoury, de
Tournemire, Delprat, Delzongles, des Maries ou Desmaries,
Escalier, Fontanges, Gaston, Granier, Duclaux, Bonnefon,
Chapouille, du Fau, Soustre, Delalo, Delmas, Lacoste, Mirande,
Drappeau, Ternat, Offroy, Violle, Cheymol. Beaucoup de noms sont
encore portés, souvent sans la particule de l'ancien
régime abandonnée à la Révolution. La
Gaule bien présente à Mauriac Mauriac, cité gauloise, possède sous la ville ancienne un patrimoine caché, dont seuls quelques vestiges du 1er Siècle ont été retrouvés au 19ème. Ces vestiges couvrent le vieux Mauriac. Delalo, Président du Tribunal Civil, les a vu et décrit à l'occasion de travaux et de fouilles qu’il a effectuées ou contrôlées lui-même ou que son grand-père, maire de Mauriac, ou son père, sous-préfet, également de Mauriac, lui ont commentées, dans les années 1800. Trois générations de Delalo ont donc cherché dans le sol de Mauriac des traces du passé. Son témoignage par écrit est hors de toute critique. Ce qui a été trouvé est impressionnant et ne laisse aucun doute. Mauriac était déjà une petite ville gallo-romaine dès le 1er Siècle, un Vicus, le Vicus Mauriacensis. Il a été trouvé beaucoup de Monnaies, vases, urnes funéraires, morceaux de poteries, de briques et de tuiles, toutes pièces remontant au 1er ou 2ème Siècle, dans un large périmètre comportant notamment le Bd Montyon, la rue Marmontel, la rue du Collège, la place, le monastère, le musée, un pré sur la rue du Balat, rue de la République alors qu’elle portait le nom de rue Saint Georges, prés de la porte du même nom. Une telle abondance de vestiges se retrouve dans les villages de la commune et particulièrement à Albos où il y a même des tombes de l’âge du fer, Trébiac, Crouzit, le Mas, Blandignac, etc. La région était très peuplée car passait au Vigean, du bourg à Lavialle, une grande voie romaine menant de Clermont à Toulouse par Arpajon. La présence à Mauriac d’un temple gallo-romain est donc probable, prés des sources et des torrents. Il a pu être ruiné lors des vraies grandes invasions barbares, en 256 - 272, où toutes les villes de Gaule sont détruites. En tous cas, le Vicus est toujours présent vers 650, et assez puissant pour frapper une belle monnaie d’or dont on a 3 exemplaires portant l’inscription du Vicus de Mauriac en Arvernie. L'éperon
barré d’Escoalier L’archéologie
appelle éperon barré, un promontoire escarpé
créé par la confluence de deux
cours d’eau et dont le 4ème côté,
seul accessible, est barré par un
retranchement pour protéger la population. Ce type d’abri remonte
fréquemment à l’âge
du bronze, voire au néolithique, mais a pu être
utilisé encore au moyen âge,
occasionnellement, en cas de danger. Mauriac en possède un bon exemple
à Escoalier,
formé par l’Auze et le ruisseau St Jean, l’ex rieu
Mauri. Ce lieu, très
abrupt, dénommé du
château vieux par la
tradition locale, est barré sur son côté ouvert par
un fossé et un amas de
pierres de basalte brutes précédé des restes
d’un mur de gneiss fondu et même
vitrifié à forte température. Emile
Delalo a longuement étudié et commenté en 1856
dans le dictionnaire statistique
du Cantal ce site étrange. Les
chroniques locales et spécialement la chronique de Montfort, y situent le château légendaire de
Basolus, appelé
de Monsélis, ce que Delalo, expert, dément totalement car
il n’a pas retrouvé
la moindre trace d’un château. Le château de Théodechilde, dont les pierres auraient servies pour construire le 1er monastère du 6ème S., s’il a existé, est donc ailleurs. On a cru découvrir un site possible sur la route du plan d’eau, au petit bois surélevé dit Suc de Bernet, mais une fouille officielle du service régional d’Archéologie en 1995, a établi qu’aucune habitation n’avait pu exister sur ce tertre rocheux démuni au surplus d'un accès normal avant la création du plan d'eau. Y a-t-il un château de Monsélis ? Le débat est ouvert. Mais la probabilité est très faible. Les Barbares à Mauriac Les Romains ont appelé ainsi les peuples
germaniques ou orientaux (Huns), qui ont
envahi l’empire à
partir du 3ème
siècle.
Mauriac n’a pas été épargnée. Il est
probable qu’elle a été touchée par les
invasions terribles de 256 et 272 après J.-C.
qui ont détruit les villes. Puis à coup
sûr, la cité gallo-romaine
reçoit, après 406, les
remarquables et
puissants Wisigoths, plus civilisés que les Francs mais
chrétiens ariens, ce
qui les fragilisera. Ils devront céder aux Francs
l’Aquitaine romaine comportant l’Auvergne, qu’ils occupent en masse, après
leur défaite
de 509 à Vouillé prés de Poitiers. Ils se retirent
alors en Espagne et repoussent
en Afrique du nord les dangereux Vandales. L’Auvergne devient Franque
et le monastère
Saint Pierre sera la marque d’une présence des Francs dans
ce Vicus (bourg) gallo-romain,
demeuré en fait
une cité celte, conservant son nom celte tiré de mori,
l’eau, tout comme Moret
sur Loing, Morsang, Morzine, Mortagne, Morteau ou Morlaix, Morgat, par
exemple, toutes au bord de l'eau. Contrairement à
certains textes locaux,
Mauriac ne verra pas Attila. La bataille
des champs catalauniques n’a pas eu lieu à Mauriac. On
sait tout à présent de
l’itinéraire d’Attila, grand politique, chef de
guerre
cultivé et romanisé, dont le rêve
était d’être reconnu par Rome et de
s’établir dans l’empire, idéal de
prospérité et de progrès de cette époque. Venant de Paris,
l’armée du chef des Huns,
comportant des peuples germaniques,
assiège Orléans
puis inquiète de l'arrivée d'une grande armée
romaine et wisigothe bifurque vers la Germanie. Les champs
catalauniques sont
évidemment sur
leur trajet, près de Troyes, au pays des Catalauni,
sur une vaste
plaine. Attila, en réalité invaincu, mais redoutant comme
tous les orientaux
les batailles indécises, laisse le champ de bataille à
son ami d’enfance qu'il a bien connu à Constantinople
capitale de l'empire romain d'orient , le général romain
Aetius. L’histoire
reconnaît depuis peu que les
prétendus barbares étaient conduits
par des chefs alliés de Rome, souvent généraux de
l’armée romaine comme le père
de Clovis et attirés par la gaule prospère et la mer. La Gaule sera franque, mais restera celte et romaine. On y parlera le latin mêlé de gaulois, dont le Français est issu et non comme en Angleterre la langue germanique. Par contre les élites, future noblesse française, seront des descendants du vainqueur, les Francs. un Empereur
romain à Mauriac
L'historien Audigier affirme que Mauriac recevait
fréquemment la visite de Gratien, Empereur Romain amateur de
chasse en forêt, qui aurait même signé
de Mauriac un rescrit au Préfet des Gaules, en 377 aprés
JC. Etonnante au premier abord, cette précision trouve
toutefois du crédit si on apprend dans les ouvrages
d'histoire que Gratien avait eu pour précepteur Ausonne de
Bordeaux et qu'il s'était proclamé Empereur des Gaules,
Grande Bretagne et Espagne incluses, laissant à un autre le
reste du monde romain et préférant le contact des
barbares. Son père, Valentinien 1er, régnait
lui-même sur l'Empire, siégeant à Lutèce. A
cette époque la Gaule est en révolte et les Bagaudes,
ces puissantes bandes armées de Gaulois, assument un pouvoir
permanent de fait , sur un large territoire,
dont le Cantal, terre de
Bagaude. Ce pouvoir elles vont le conserver jusqu'à la
chûte de l'Empire d'Occident. Gratien a pu venir pour
rétablir l'ordre en Aquitaine.
Dictionnaire
Statistique
et Historique du Cantal Cet
ouvrage remarquable, véritable bible de l’histoire des
communes du Cantal, a
été entrepris par Jean-Baptiste de Ribier du
Châtelet et publié en 1824 puis
dans sa version complète, de 1852 à 1857, en 5 volumes.
Il est régulièrement
réédité. L’article concernant Mauriac a
fait l’objet
d’un long article de 100 pages exactement, daté de 1856,
d’Emile Delalo,
Président du Tribunal Civil de Mauriac, descendant d’une
famille qui a donné à
Mauriac un Sous Préfet (son père) et un Maire (son
grand-père) , des magistrats. Le texte de cet érudit de grand
talent demeure,
150 ans après, actuel et inégalé, ce qui est
étonnant, mais aussi, exact,
complet. Il traduit probablement toute une vie de documentation et de recherche sur Mauriac. Un travail
« de bénédictin ». La rue qui lui
été consacrée à Mauriac, ancienne
rue de la prison, longe précisément l’ancien
doyenné du monastère, sur lequel a
été édifié le Tribunal qu’il a
présidé.
L'éducation
Il existait des
écoles en Gaule indépendante puis occupée, mais on
ignore leur nature. Avec
l’installation des Bénédictins, ordre tourné
vers les études, sont fondés des
établissements scolaires et un collège tenus par des
religieux. Par décision de
1563, est créé grâce à un legs de 1560 de
Guillaume Duprat , évêque de Clermont,
dont Mauriac relève, l’un des premiers collèges de
Jésuites de France, qui comporte
des classes menant en rhétorique, la 1ere actuelle, puis en
philosophie.
Marmontel, enfant turbulent mais doué y a étudié,
ainsi que le futur astronome,
Chappe d’Auteroche oncle des
frères
Chappe inventeurs du télégraphe, originaires aussi de
Mauriac mais nés dans le
Maine. Ce collège de Jésuites, qui accueillait plus de
300 élèves, est
reconstruit en plus grand au moment même où les
Jésuites, jugés trop puissants
et indépendants, sont expulsés de France par la
royauté à la demande du
Parlement de Paris et de Choiseul en 1762. Il renaît après
sa fermeture et
prend le titre de collège royal en 1765. Les travaux sont
repris. Un chef
d’œuvre est réalisé. La Révolution
supprime le collège. Il devient gendarmerie
(Delalo). Rapidement, les locaux sont affectés à nouveau
à l’enseignement
secondaire. La République multiplie les classes, laïcise le
lycée et le
complète en édifiant, en 1976, sur un 2e site
dit Pompidou un lycée
d’enseignement professionnel. En 1996, le Conseil régional
et l’Etat dotent le
Lycée d’un B.T.S. (enseignement supérieur). Mauriac
a conservé, par ailleurs,
collège et écoles primaires publiques ainsi que
l’école privée dite des frères
et le collège de la rue du Balat. Elle dispose également,
d’une maison
familiale rurale à Crouzit. Les fontaines
de Mauriac Mauriac a su conserver plusieurs belles fontaines anciennes et notamment une fontaine avec obélisque édifiée au 18ème S en remerciement à Jean Baptiste Montyon, intendant d’Auvergne. Bienfaiteur de la cité, Montyon ou Monthyon est l’auteur des travaux qui ont permis, en comblant les fossés, de créer un large boulevard ainsi qu’une nouvelle voie vers le Limousin. L’hommage a été rédigé par Marmontel. Voir aussi les fontaines de la rue Saint Mary et du square Cassin. Une nouvelle fontaine de style 19ème a été construite en 2001, place Vieillefond. Le
Doyenné du monastère St Pierre Lors de la reconstruction du monastère au 15ème S, après les ravages de la guerre de cent ans, est édifié un nouveau bâtiment destiné au logement de prestige du Doyen. L’édifice de grande dimension, séparé du monastère par la cour Saint Pierre, comportait également des locaux d’administration et une vaste prison à usage général. Elevé en 1469, le doyenné occupait l’îlot actuel formé par le tribunal et les prisons reconstruites après 1800 et devenues en partie musée municipal. La partie ancienne du doyenné est au sud de l’îlot.
Le Subdélégué de
l’Intendant Avant la Révolution, le pouvoir royal était représenté dans les provinces, par un haut fonctionnaire de haut rang chargé de la Justice, de la Police, de l’économie et des Finances, l’Intendant. Des personnalités de grande compétence et d’idées avancées ont occupé cette fonction en avance sur son temps, transformant l’économie locale et les infrastructures de leur circonscription, la Généralité. L’Auvergne doit beaucoup à Trudaine et Montyon et le Limousin à Turgot. Chaque Intendant désignait pour le représenter localement, des Subdélégués. Il y en a eu 3 ou 4 selon le cas en Haute Auvergne (le Cantal), dont un à Mauriac. Ancêtre du Sous Préfet mais rattaché directement à Clermont, puisque le département n’existait pas encore, le Subdélégué avait de grands pouvoirs dans le territoire de l’Election, circonscription qui élisait des délégués et délibérait. On connaît les noms des Subdélégués de Mauriac au 18ème S., cités par le Dr Louis de Ribier dans la Chronique de Mauriac (1905), où il présente la Chronique de Montfort, la commente et surtout la prolonge très au delà par des documents inédits et des notes substantielles qui démontrent l’étendue de ses connaissances sur l’arrondissement et le travail accompli. Le Dr de Ribier est un 2ème Delalo. Il a pu retrouver à Clermont les noms de MM. François Courboulès, Barthélemy de Vigier, Benoît de la Porte, Joseph Antoine de Vigier, fils du susnommé et père du Vigier d’Orcet qui, homme de goût, saura choisir l’épouse que l’on connaît bien à Mauriac et transformer l’hôtel familial en petit chef d’œuvre d’architecture et de décoration. Et enfin dernier Subdélégué, qui passera à travers la Révolution malgré la suppression de son poste, Jean-Baptiste Vacher de Tournemire, dont le fils, Jean Charles, fera une carrière politique exceptionnelle, prolongée et brillante, en étant successivement Maire de Mauriac sous la convention, Député, Recteur impérial de l’Académie de Clermont, Président du Tribunal de Mauriac, Député sous la Restauration et créé Baron. Un Pape à Mauriac
Un Pape, Calixte II , est venu à Mauriac en 1119. Il a pu
voir en construction rien moins qu'un monastère, trois
églises dont la grande église St Pierre
déjà très avancée du 11ème et
l'église paroissiale Notre-Dame du 12ème. Celle-ci
n'existait pas encore semble-t-il en 1110 lorsque le moine
Clarius de l'abbaye-mère de Sens rédige sa chronique dans
laquelle il décrit des troubles entre religieux à
Mauriac. Il y fait mention en effet de la chapelle de Notre-Dame qui a
précédé la basilique romane. Calixte II est venu
voir un grand chantier mais peût-être aussi mettre fin aux
querelles sanglantes entre le monastère local soutenu par
l'Evêque de Clermont et les seigneurs locaux et l'abbaye de Sens
protégée par l'autorité royale. Le Roi venait en
effet de trancher le différend et de rappeler que le
monastère de Mauriac était propriété royale
et chapelle des Rois Francs, comme Sens, en désavouant
l'Evêque. On avait alors entendu, relate le moine Clarius, le cri
" frappez, tuez, brulez ces Francs ", venant d'une femme du peuple
visant l'Abbé de Sens et son escorte. Une révolte
d'Aquitains contre les Francs mal aimés en Auvergne. La Prévôté de Mauriac Responsables du maintien de l’ordre dans la société médiévale, avec des pouvoirs de police et de justice, les prévôts sont apparus au moyen age. Selon la chronique de Montfort du 16ème S., dans la version commentée par le Docteur Louis de Ribier, Mauriac aurait été instituée chef-lieu de Prévôté royale en 1129. Son ressort correspondait à peu près à l’arrondissement actuel, comme le Pays Gaulois et l’Archiprêtré de Mauriac, moins le canton de Champs considéré comme appartenant à la Basse Auvergne. Les prévôtés royales étaient contestées et ont parfois revêtu un caractère seigneurial.Textes d'Alain Goldfeil |